Un brillant détracteur de la tradition
« Launoy, (Jean de), né en Normandie en 1603, docteur en théologie, savant laborieux, et critique intrépide. Il détrompa de plusieurs erreurs, et surtout de l'existence de plusieurs saints. On sait qu'un curé de saint Eustache disait: « Je lui fais toujours de profondes révérences de peur qu'il ne m'ôte mon saint Eustache. » Mort en 1678. »
C'est Voltaire qui parle ainsi de Launoy dans la liste des écrivains. Mais il nous invite à le découvrir au chapitre XXXV de son Siècle de Louis XIV:
« Ce fut alors seulement que l'on commença à dessiller les yeux du peuple sur les superstitions qu'il mêle toujours à sa religion. Il fut permis, malgré le Parlement d'Aix et malgré les Carmes de savoir que Lazare et Magdeleine n'étaient point venus en Provence. Les bénédictins ne purent faire croire que Denis l'aréopagite eût gouverné l'Eglise de Paris. Les saints supposés, les faux miracles, les fausses reliques, commencèrent à être décriés. (Renvoi à Launoy). La saine raison qui éclairait les philosophes pénétrait partout, mais lentement et avec difficulté. »
Buisson, dans La religion des classiques disait de Launoy qu'il « était un homme de mauvaise mine, professeur à Navarre, terriblement savant, ami de Gassendi, sarcastique en diable (….) dont on répétait qu'à force d'enlever tous les ans un saint du paradis, il fallait craindre qu'il n'en détronât à la fin Dieu lui-même. Mais personne ne pouvait le réfuter, ni même, chose plus surprenante, le convaincre d'hérésie. »
L'arrêt du Parlement de Provence qui condamne l'écrit de Launoy sur l'arrivée de Marie-Madeleine en Provence en est une illustration:
« Sur ce que le procureur général du roy a représenté, que la censure du livre, intitulé: Disquisitio disquisitionis de Magdalena Massiliensi advena, faite par la faculté de théologie et université de cette ville d'Aix, en étant de l'arrest de la cour, luy ayant été remise, il a remarqué qu'elle étoit fondée sur ce que les opinions soutenues au dit livre panchoient à l'hérésie, ébranloient les anciennes traditions de l'Eglise, choquoient la croyance commune des fidèles et dérogeoient à la vénération qui est due à Sainte Magdelaine; et qu'outre les raisons exprimées en la dite censure, la nouvelle opinion que l'on veut introduire renverse tout ce qui est contenu aux Bréviaires des églises de cette province, et diminue ainsi la foy que l'on doit ajouter en ce qui est dit en l'office divin; que d'ailleurs le dit livre contient une fausse doctrine contraire à la vérité d'une tradition immémoriale, confirmée par la fondation de tant d' églises par l'imposition des noms de tant de villes de ce païs. Et partant ce traité étant impie et scandaleux, et conduisant insensiblement, et par divers degrés, au mépris des traditions approuvées et reçues de l'Eglise, et de là à l'hérésie; requiert au moyen de ce le dit traité être condamné, et supprimé……
Publié à la barre du parlement de Provence, séant à Aix, le 17 mars 1644. »
Collation est faite,
Signé ESTIENNE
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Qu'en pense Louis-Antoine de Ruffi, grand historien de Marseille?